Handicap - Alain Rochon, nouveau président de l’APF : « Les pouvoirs publics sont crispés par la crise mais s’abritent derrière elle pour nous refuser le minimum ! »

Source : FaireFace Le blog

 

Alain ROCHON (1).jpgAdhérent depuis quinze ans et vice-président depuis 2005, Alain Rochon a été élu président de l’APF le 13 avril, suite à la décision de Jean-Marie Barbier de cesser d’assurer la présidence de l’association. Il s’inscrit dans la continuité de l’action menée par l’APF et notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du projet associatif "Bouger les lignes ! Pour une société inclusive", dont il a été co-rédacteur.

Comment voyez-vous l’association ?

Alain Rochon : Pour son 80e anniversaire, je la vois solide et vigoureuse ! Elle dispose notamment de deux atouts majeurs : des instances pour faire face aux moments difficiles que nous traversons tous, associations, entreprises, État, d’une part et une organisation démocratique que beaucoup nous envient, d’autre part. Cela lui permet de jouer pleinement son rôle de défenseur des droits des personnes, mais aussi de gardienne de valeurs que nous ne sommes plus très nombreux à défendre dans une société en perte de repères. Elle est, de ce fait, un acteur majeur pour bâtir la société sans exclusion que nous appelons de nos vœux !

Quel a été votre parcours au sein de l’APF ?

A.R. : J’ai rejoint l’association en 1998, un an après avoir perdu l’usage de mes jambes, comme beaucoup en vendant des fleurs et des nounours et en nouant des contacts avec des concitoyens encore mal informés et donc pas assez impliqués dans les questions sur le handicap. L’opportunité de représenter les adhérents au travers d’une élection au Conseil d’administration s’est présentée en 2002. Et, en 2005, la présidente, Marie-Sophie Dessaulle, m’a demandé de présenter ma candidature aux fonctions de vice-président, ce que j’ai fait avec humilité, mais non sans quelque appréhension ! Depuis onze ans, j’ai participé à bien des combats, que ce soit l’élaboration de la loi de 2005 ou la présentation de notre projet associatif actuel au Congrès de Bordeaux, pour ne prendre que deux exemples.

Quelles sont selon vous les chantiers à mener en priorité ?

A.R : Ils sont nombreux et constituent autant de défis redoutables pour tous les acteurs de l’association, qui sont prêts à les relever, je le sais. Les pouvoirs publics sont crispés par la crise, qui frappe aussi nos propres ressources, mais s’abritent derrière elle pour nous refuser le minimum ! C’est à nous de leur rappeler, notamment à l’occasion du Comité interministériel du handicap qui se tiendra avant l’été, que :

-          Nous ne pouvons continuer à tolérer que nos ressources restent durablement en dessous du seuil de pauvreté alors même que le handicap nous coûte de plus en plus cher.  

-          Nous ne pouvons tolérer que, près de quarante ans après les premiers textes, on tente encore de repousser la mise en accessibilité de ce pays et de nous priver de nos droits les plus élémentaires.

-          Nous ne pouvons pas admettre un tel décalage entre le discours sur la liberté de nos choix de vie et les moyens consacrés à la vie à domicile.

-          Nous ne pouvons accepter que chaque réforme se traduise par plus de charges pour nous et plus d’inégalité de traitement.

Une loi, celle de 2005, existe, même si elle est perfectible. Appliquons-la !


Propos recueillis par Domitille Loeper – Photo Sébastien Le Clézio

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